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Le tir en hand-ball : trouver le compromis entre efficacité et risque de blessure.

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Le tir en hand-ball : trouver le compromis entre efficacité et risque de blessure. Empty Le tir en hand-ball : trouver le compromis entre efficacité et risque de blessure.

Message  Christophe Ven 23 Sep - 12:22

L'efficacité du tir est l’une des préoccupations majeures dans l'entraînement de haut niveau en handball, et un intérêt particulier est accordé à la recherche du geste optimal de tir (rapide et précis). Il a été démontré, dans des travaux sur les activités de lancers par-dessus l'épaule – comme le javelot, le base-ball ou encore le water-polo – que l'action de tir la plus rapide résultait de la mobilisation de la séquence proximo-distale (séquence P-D). La séquence P-D est un mouvement multi-segmentaire (geste complexe) où les segments les plus proches de l'axe du corps (i.e. proximaux), qui sont aussi les plus lourds, seront mobilisés avant les segments les plus excentrés (i.e. distaux), selon cet ordre d'intervention (cf. Allard & Blanchi, 2000). Dans le cas présent, le bras sera en mouvement avant l'avant-bras, puis le poignet interviendra ensuite. Lors de cette séquence, les segments proximaux atteignent leur vitesse linéaire maximale avant les segments distaux. La vitesse linéaire de l'engin projeté (ici le ballon) est égale à la somme des vitesses linéaires aux articulations impliquées. Ainsi, une vitesse maximale de lancer du ballon sera déterminée par les caractéristiques cinématiques de la mobilisation des segments impliqués dans ce geste complexe.

Très peu d'études se sont intéressées au tir en handball, et aucune ne s'est penchée sur la description de cette organisation segmentale au niveau du membre supérieur lors du tir. Les auteurs de cette étude se sont intéressés à mesurer les vitesses linéaires maximales et les vitesses angulaires maximales des articulations, entre la ligne d'épaules (i.e. « upper torso », selon le terme employé par les auteurs) et le poignet, chez des joueurs de handball de haut niveau (trois jouant en deuxième division française et les trois autres au meilleur niveau de leur catégorie), afin de déterminer si cette séquence P-D est observable lors du tir en handball. Les résultats montrent que pour les vitesses linéaires de l'épaule, du coude et du poignet du « bras tireur », le concept de la séquence P-D ne s'applique à aucun des six joueurs de handball de cette étude.

La séquence P-D n'est donc pas mise en évidence en handball, contrairement au lancer de javelot, ou au base-ball. En effet, le coude atteint sa vitesse maximale linéaire avant l’épaule et les auteurs soulignent que la somme des vitesses linéaires des articulations impliquées dans le geste sera moins élevée au moment du tir. Cependant, dans des études précédentes (Barrentine et al., 1998), au sujet de lancers par-dessus l'épaule en base-ball, il a été montré que le mouvement le plus efficace, en termes de vitesse de projection de balle, résultait d'une séquence P-D. La raison pour laquelle les joueurs de handball adopteraient une conduite spécifique doit être mise en relation avec le fait qu’ils évoluent dans des conditions différentes de celles des tireurs des autres études, e.g. défenseurs à éviter, gardien de but à battre, protection contre des coups possibles. En effet, au javelot ou en base-ball, aucun adversaire direct ne vient s’opposer au geste du lancer. Une autre hypothèse retenue pour expliquer pourquoi les joueurs de handball ne mettent pas en pratique la séquence P-D réside dans le fait que celle-ci produit des niveaux élevés de force localisés dans les articulations de l'épaule et du coude qui seraient à l'origine de blessures chez les tireurs (Atwater, 1979). Il semblerait ainsi qu'avec le type de mouvement adopté par les handballeurs, les contraintes appliquées sur les articulations soient moins importantes et, par conséquent, les blessures moindres. L'entraînement de handball n'est pas centré sur la mise en application du concept P-D lors du tir. Cette observation va de pair avec le constat fait lors de ces dix dernières années, et relevé par les auteurs de l'étude, selon lequel les entraîneurs de haut niveau en handball laissent les joueurs déterminer leur propre façon de tirer. En conséquence, les handballeurs mettent en place la manière de tirer la moins traumatisante pour leur membre supérieur, et ne retiennent pas la modalité gestuelle la plus efficace par rapport à la vitesse de projection du ballon.

Il est donc intéressant pour les entraîneurs d’orienter le comportement de leurs joueurs lors du tir vers cette organisation segmentale spécifique, qui ne produit pas le niveau de force le plus élevé possible, mais qui permet cependant d'obtenir un compromis optimal entre force et traumatismes au niveau de l'épaule. Par exemple, on pourrait suggérer certains exercices pour favoriser l'apprentissage de cette organisation segmentale caractéristique chez les joueurs de handball.

Exercice 1 :

objectifs : trouver le meilleur compromis entre la mise en application de la séquence P-D et les contraintes spécifiques aux joueurs de handball
matériel : 1 ballon
protocole : le joueur se place à distance de tir, arrêté (7-8 m) puis en course (9-12 m) et effectue des tirs avec des exigences de précision, en décomposant son geste et en le verbalisant comme suit : « J'arme mon bras en arrière et le ballon touche mes omoplates, la base de mon cou. Ensuite, je ramène mon coude vers l'intérieur (rotation interne de l’épaule) comme si je voulais toucher mon oreille avec mon poignet. Enfin, mon avant-bras se déplie dans le même axe que ma ligne de tir ». Le mouvement n'est pas uniforme, il est accéléré par le mouvement du coude en avant : dès que le coude passe en avant du corps, il crée une accélération qui mobilise le bras dans cet ordre : coude, épaule et poignet. « Je répète ce mouvement lors de chaque tir. »
variables : changer les exigences de tir (avec ou sans gardien), ajouter des défenseurs et abandonner progressivement la verbalisation.
intérêts : en situation écologique de tir, les joueurs de handball s'approprient l'organisation segmentale du tir, et ce d'autant plus en la verbalisant. Avec la répétition, ce geste va devenir automatique, permettant ainsi une protection de l'épaule lors du tir (rappelons qu'en handball, c'est l'articulation la plus souvent traumatisée).

Exercice 2 :

objectif : rééquilibrer le rapport entre les agonistes et les antagonistes (i.e. rotateurs internes/externes de l'épaule)
matériel : un élastique de gymnastique
protocole : l'élastique est fixé à un support solide (mur) par rapport auquel le joueur se place de dos. Il prend l'extrémité de l'élastique et simule un tir en appui un pied en avant de l’autre, en contrôlant lentement le retour du bras.
intérêts : cet exercice a pour but de permettre à l'athlète d'automatiser cette organisation segmentale du tir. Mais ici, l'intérêt est aussi d'ordre préventif : en travaillant en excentrique lors du retour du bras, les rotateurs externes de l'articulation de l'épaule sont renforcés, ce qui permettrait de diminuer le déséquilibre souvent rencontré dans les sports d'armés de balle entre les qualités musculaires des rotateurs internes et externes de l'épaule (Dauty M. et coll, 2005). Grâce à ce travail, on obtient des gains de force au niveau des agonistes et on améliore le rôle freinateur des antagonistes (i.e. limitation des lésions musculaires).
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